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Les Hospices de Beaune

  • Photo du rédacteur: Lézard Amusé
    Lézard Amusé
  • 30 juil. 2020
  • 5 min de lecture

Aujourd'hui, nous vous emmenons en Bourgogne, à la découverte de ce chef d’œuvre classé Monument Historique. Dorénavant reconverti en musée, ce lieu incontournable de la région est dans un état exceptionnel de conservation, rare témoignage de l’architecture civile du Moyen Âge. Les salles des Hospices de Beaune réunissent une vaste collection d’objets, meubles et tapisseries de cette époque.




Histoire


Les Hospices Civils de Beaune ont été créés par un couple de mécènes : Nicolas Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne (Philippe Le Bon) et son épouse Guigone de Salins. En 1443, alors que la Guerre de Cent Ans continue, la ville de Beaune souffre de misère, de famines et de nombreux pillages qui affaiblissent la ville et les campagnes aux alentours. La majorité des habitants n’ont plus de ressources et sont déclarés indigents. Pour racheter leur salut, le couple fait œuvre de charité et décide de fonder un hôpital pour les « pôvres », appelé l’Hôtel-Dieu. Leur grande richesse leur permet de bâtir un véritable palais, doté d’une rente annuelle (issues des salines de Salins) et de ressources propres comme leurs vignes et font appel à de nombreux artistes pour les décorer.



Nicolas Rolin et sa femme Guigone de Salins


Le bâtiment est de l’époque du gothique flamboyant avec des pans de bois qui forment les galeries de circulation sur les deux niveaux et les tuiles vernissées qui en font leurs particularités. Ces galeries montrent qu’il s’agissait d’un véritable lieu de vie puisque les malades et les sœurs hospitalières s'y côtoyaient.




Un monument unique en son genre


Véritable joyau de l’architecture médiévale bourguignonne, cet hôpital est doté de toitures en tuiles vernissées qui sont devenues une caractéristique de la région. Au cours de ses séjours en Flandre, dont le Duc de Bourgogne était également suzerain, Nicolas Rolin a tout de suite été séduit par les hôpitaux du Nord mais il confiera la conduite des travaux à des Beaunois pour la maçonnerie et la charpente afin d’édifier « son palais pour les pauvres ».


L'Hôtel-Dieu couvre aujourd’hui une aire importante de la ville de Beaune avec son musée, ses trois cours, ses dépendances, son Bastion du XVème siècle et ses centaines de mètres de caves qui conservent notamment, la réserve particulière de vin des Hospices. Les quatre bâtiments ouverts au public autour de la Cour d'Honneur, représentent la configuration de l'Hôtel-Dieu d'antan.


L’hôpital


Plusieurs générations de malades ont été accueillies et soignées du XVe au XXe siècle par les sœurs de l’Hôtel-Dieu de Beaune. Ce lieu a très vite acquis une grande renommée auprès des pauvres mais également auprès des nobles et des bourgeois. Ces derniers ont fait des dons qui ont par la suite permis d’agrandir et d’embellir l’hôpital par la création de nouvelles salles et des œuvres d’art ont été installées dans chaque pièce. Jusqu’au XXe siècle, le soin des malades était assuré principalement par la communauté des religieuses hospitalières de Sainte Marthe, un ordre créé par Nicolas Rolin. A partir de 1971, ses fonctions médicales ont été transférées dans un hôpital moderne. Aujourd’hui, l'Hôtel-Dieu n'accueille plus de patients ni de résidents âgés.




Congrégation des Sœurs hospitalières de Sainte-Marthe de l'Hôtel-Dieu


Les pièces principales


La Grande salle des Pôvres : le cœur de cet Hôtel-Dieu a été inauguré le 31 décembre 1451. Cette pièce a conservé ses dimensions d’origine qui sont impressionnantes (50 mètres de long, 14 mètres de large et 16 mètres de haut). Quinze lits sont disposés de chaque côté, réservés aux malades et des tables et des bancs étaient mis à leur disposition pour prendre leur repas comme des seigneurs, dans une vaisselle d’étain et non en bois. Le mobiliser original de la pièce est d’inspiration gothique, il a été restitué lors de la grande restauration de la salle réalisée entre 1872 et 1878 par Maurice Ouradou, élève et gendre de l’architecte Viollet-le-Duc. Le décor de la pièce est composé du monogramme du couple fondateur ainsi que la devise courtoise de Nicolas Rolin à son épouse : « Seulle » signifiant que Guigone était la seule dame des pensées de son mari.




La Chapelle fait partie intégrante de la salle des Pôvres et symbolise donc la parfaite symbiose entre l’aspect religieux et l’aspect médical de l’Hôtel-Dieu. Les pensionnaires pouvaient assister aux offices sans se déplacer. Dans cette chapelle, se trouvait autrefois le retable du Jugement Dernier, chef d’œuvre unique et mondialement connu, peint par le peintre bruxellois Rogier van der Weyden (aujourd’hui présenté dans une autre pièce des Hospices). Commandé par le Chancelier Rolin, ce polyptique du XVe siècle représente, une fois fermé, Nicolas Rolin et Guigone de Salins, agenouillés en prière. Lorsque le retable est ouvert, le Christ, Juge Suprême, lève sa main droite avec un lys vers les élus, tandis que sa main gauche est baissée vers les damnés, tout en bas des panneaux à droite. Sur les panneaux de gauche se trouvent la Vierge, six apôtres et des saints. Sur les panneaux de droite, Saint Jean-Baptiste implore miséricorde avec derrière lui six apôtres et des saintes.



Le retable du Jugement dernier fermé (à gauche) et ouvert (à droite)


Dans sa fondation, l’Hôtel-Dieu disposait de sa propre apothicairerie. La science pharmaceutique encore balbutiante avait recours aux ingrédients les plus divers issus du monde minéral, animal et végétal. De nombreuses plantes étaient cultivées sur place dans le jardin. L’officine présente une collection de 130 pots de faïence datés de 1782, dans lesquels étaient conservés des onguents, huiles, pilules ou sirops. On peut lire sur certains pots : « poudre de cloportes », « yeux d’écrevisses », « poudre de noix vomiques », « élixir de propriété ».




Le rôle du vin


Cette institution de charité a traversé les siècles grâce à un système de dons mis en place par son fondateur. Des malades pouvaient payer leurs soins et certains léguaient même leur maison, leurs terres agricoles et leurs vignes à l’Hôtel-Dieu. 60 hectares de vignes constituent aujourd’hui le célèbre domaine viticole des Hospices. Il offre chaque année des cuvées prestigieuses : Cortons, Pommards, ou encore Meursault. Depuis six siècles, c’est en partie la vente des vins qui a permis de faire vivre cet établissement. Chaque année depuis le milieu du XIXe siècle, une vente aux enchères des plus grands crus se déroule chaque 3e dimanche de novembre. Elle permet de récolter des fonds afin de restaurer l’Hôtel-Dieu mais aussi d’acheter de nouveaux équipements médicaux pour le nouvel hôpital construit à deux kilomètres de l’ancien.



Petite anecdote : en 1966, Gérard Oury tourne le film « La Grande Vadrouille » au cœur même de l’Hôtel-Dieu ! Les scènes cultes avec Bourvil et Louis de Funès se succèdent dans la cour d’honneur, la grande salle des Pôvres et l'ancien hôpital. Ce film, le plus grand succès du cinéma français au XXème siècle, continue d’assurer plus de 60 ans après, la renommée de l’Hôtel-Dieu.


Si vous souhaitez visiter les Hospices de Beaune :


- Ouverture de 9h00 à 19h30 (fermeture de l’accueil à 18h30), tous les jours de la semaine

- Réservation obligatoire exclusivement via notre plateforme de billetterie en ligne

- L’accueil de visiteurs sans réservation est possible uniquement si des places restent disponibles

- Port du masque obligatoire à partir de 11 ans


Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site officiel des Hospices de Beaune : http://hospices-de-beaune.com/index.php?/hospicesdebeaune/L-Hotel-Dieu/Le-Musee/L-organisation-des-visites


Lézard Amusé vous souhaite un bel été et vous dit "à la semaine prochaine" pour de nouvelles anecdotes sur notre patrimoine !


 
 
 

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