Gerberoy, la cité de la Rose

Parmi les plus beaux villages de France, Gerberoy, dans le département de l’Oise, est unique en son genre. Se situant au centre d’un triangle formé par Beauvais, Rouen et Amiens, cette véritable cité florale au cœur de la Picardie est incontournable.

Un patrimoine exceptionnel

Avec moins de 100 habitants, ce petit coin de paradis figure parmi les plus petits villages français. Perché à 188 mètres sur sa butte, il donne aux touristes l’occasion de découvrir ses remparts, aujourd’hui bordés d’arbres.

Comme suspendu dans le temps, ce petit territoire niché entre la Picardie et la Normandie allie plusieurs caractéristiques de celles-ci : on peut retrouver le principe du bâti normand avec des colombages et du torchis mais aussi des appareillages de brique rouge et de silex s’apparentant au style picard. La plupart de ces maisons du XVIIe et XVIIIe siècle comportent un mélange des deux appelé : « le hourdis de briques ». Ayant fait l’objet d’une restauration, l’une d’entre elles se détache des autres et se fait appeler « la maison bleue ». Un bleu picard affiché sur une petite maison normande qui se trouve adossée à l’ancienne porte de l’enceinte castrale de Gerberoy. Datant de 1691 et implantée rue St-Amand, elle est dotée d’un style très en vogue dès le XVIIe siècle grâce à sa couleur qui permettrait d’éloigner les insectes.

L’arrivée d’un artiste impressionniste et impressionné

Un statut particulier de « plus petite ville de France » a été attribué à Gerberoy en 1202. C’est le roi Philippe Auguste qui lui donne ce titre considérant que la micro cité à la frontière normande est un atout de poids.

Après avoir été assiégée à maintes reprises, la « petite ville » va renaître en 1903 grâce à l’arrivée d’Henri Le Sidaner, peintre impressionniste et post-impressionniste*. Conseillé par Rodin, il décide de s’installer dans cette petite commune en 1901 où beaucoup de bâtisses sont à l’abandon. Il a un véritable coup de foudre pour cette cité qu’il voit tout de suite au cœur de ses peintures. A l’instar de son ami artiste Claude Monet, Le Sidaner se nourrit avec passion de la nature environnante et y apporte ses propres touches : la roseraie, le chemin de ronde, la tour, la pergola, les balustrades et les statues, qu’il conçoit dans son « Atelier d’hiver ».

Les douces lumières de la Picardie viendront progressivement embellir ses créations. Envoûté par ce cadre si inspirant, Henri de Sidaner va même jusqu’à orner chaque ruelle de rosiers. Cette nouvelle attention confirmera le caractère authentique et naturel des ruelles pavées rappelant la période du Moyen-Age.

*Le post-impressionnisme est un ensemble de courants artistiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Il vient après l'impressionnisme et présente plusieurs tendances (néo-impressionnisme, synthétisme, nabis, préfigurations de l'expressionnisme ou du fauvisme).

La vie en mille et une roses…

L’artiste peintre va alors demander à chaque habitant gerboréen de planter au moins un rosier devant leur maison. Il contribuera ainsi à la renaissance de la commune en instaurant cette tradition de la rose à Gerberoy.

Cette fleur règne donc en symbole sur la petite cité. Au fil des déambulations et après la « maison bleue », les ruelles nous emmènent vers la collégiale Saint-Pierre, entourée des jardins Le Sidaner où le temple de l’Amour trône au-dessus des ruines du château féodal.

Surnommé « le village aux mille rosiers », Gerberoy sera par la suite labellisé « Jardin remarquable » avec 25 espèces différentes de roses. Les jardins Henri Le Sidaner offrent ainsi une sublime balade pour admirer les terrasses à l’italienne ou encore le jardin blanc qu’il a entièrement conçu, uniquement constitué de fleurs blanches, puis un jardin jaune et bleu. Non loin de là, le jardin des Ifs a été conçu dans un style classique prôné par Olivier de Serres (1539-1619), précurseur d’André Le Nôtre (1613-1700), célèbre architecte paysagiste sous Louis XIV. Ce jardin majestueux présente des espèces pluri-centenaires. Ces espaces ont été entièrement dessinés par l’artiste étant surtout destinés à être peints par la suite.

Une tradition est née de cette cité richement fleurie : depuis 1928, le village organise « la Fête des Roses » au mois de juin, ce qui correspond au pic de floraison de la fleur. Pendant quelques jours, il est possible de découvrir Gerberoy parée de ses plus belles couleurs !

Grâce à son charme naturel et attachant, Gerberoy est devenue plus d’une fois un décor cinématographique. La série Chez Maupassant a succombé à l’atmosphère bucolique du cadre pour restituer parfaitement les mœurs d’une autre époque. En 1974, cette fois pour le film Madame Bovary réalisé par Pierre Cardinal et plus récemment dans Le retour du héros de Laurent Tirard en 2018 avec l’acteur Jean Dujardin, immortalisant un héros sous Napoléon.

Actualités de Gerberoy

Habituellement envahie de milliers de visiteurs au printemps, la commune est quasiment déserte en ce début de mois de mai, en raison de la crise sanitaire liée au Coronavirus.

Néanmoins, le maire du village a décidé de poster chaque jour un cliché des rosiers ornant les allées de Gerberoy pour le plus grand bonheur des amoureux de la nature. Des visites virtuelles sont également à découvrir sur le site officiel de la commune.

Face à la situation, la Fête des Roses ne pourra malheureusement pas avoir lieu à la date habituelle mais sera reportée au 13 septembre. Les roses remontantes seront au rendez-vous ! Selon l’association organisatrice, la moitié de la recette perçue sera reversée à l’hôpital de Beauvais. Il faudra patienter jusqu’au mois de juillet pour le communiqué officiel de l’événement.

En attendant, nous espérons que cet été sera pour vous l’occasion de profiter de notre magnifique patrimoine français ! Vous verrez que vous prendrez plaisir à vous perdre dans Gerberoy !

Bon à savoir :

Le stationnement à l’intérieur du village est interdit en saison touristique. Les visiteurs doivent utiliser le parking officiel à l’entrée de Gerberoy par la D930.