Fortifications de Lille : l'exemple de la Porte de Paris

Grâce à la victoire de Louis XIV lors de la guerre de Dévolution (1667-1668), la ville de Lille et la Flandre wallonne sont rattachées au royaume de France. A la suite de cela, le Roi Soleil confie à Vauban la construction d'une citadelle afin de protéger la ville et la proximité de la nouvelle frontière. Cette édification est synonyme d'une période inédite puisque Lille devient une capitale provinciale. En plus de la citadelle, Vauban supervise la création de remparts, repoussés au fur et à mesure de l'extension de la ville. Ainsi, en 1699, l'enceinte urbaine comprend dix-huit bastions, quatre ouvrages à corne et huit portes. Aujourd'hui, ne demeurent de cette ancienne ville fortifiée que trois portes témoins du passé médiéval : la Porte de Gand, la Porte de Roubaix et la Porte de Paris.

La Porte de Paris

La construction que l'on voit aujourd'hui Place Simon Vollant n'est pas celle d'origine. En effet, à partir du XIIIème siècle et ce jusqu'à son remplacement par la Porte de Paris actuelle, on la nommait Porte des Malades. Les habitants de Lille l'ont appelée ainsi car elle donnait accès au faubourg des malades, tirant son nom de la présence d'une léproserie (lieu d'isolement et de prise en charge des malades de la lèpre).

Il faudra attendre 1692 et la victoire de Louis XIV ramenant Lille dans le royaume de France pour voir s'édifier la Porte de Paris telle qu'on la connaît aujourd'hui. Pensée par l'ingénieur Simon Vollant, elle est érigée à la gloire du Roi Soleil et les décors illustrent sa puissance et sa magnificence.

Composée d'une partie centrale en arc de triomphe et de deux ailes, elle se distingue de par la différence de ses façades. La face extérieure, dirigée vers la campagne, est richement ornée et décorée tandis que la face intérieure, destinée aux habitants, est très dépouillée. Lorsque l'on observe la face extérieure, on peut voir tout d'abord deux gigantesques sculptures de part et d'autre. Dans la niche droite, Hercule et sa massue, symbole de la force. Dans la niche gauche, Mars, dieu de la guerre. Ces deux statues sont accompagnées de deux anges munis de trompettes entourant la Victoire au sommet. Les anges entourent l'allégorie de la Victoire et lèvent le bras droit pour déposer la couronne sur la tête du roi. L'objectif d'une telle mise en scène est d'annoncer au monde entier la victoire du Roi Soleil.

Au milieu de tous ces ornements, on peut apercevoir un passage en forme de couloir voûté, accessible à l'époque par un pont-levis enjambant le fossé. Au-dessus de ce passage, sont disposées les armoiries de la ville de Lille ainsi que l'écusson royal. Aujourd'hui, il est accessible de la rue depuis la restauration de 1890 et l'aménagement des fossés en jardin à la française.

La Porte de Paris résiste au démantèlement des remparts en 1858 mais perd son rôle de porte d'entrée et de sortie de la ville de Lille. C'est de cette époque que date la configuration actuelle avec le rond-point l'entourant.

En 1875, le bâtiment est classé au titre des Monuments historiques en tant que chef-d'oeuvre de l'art militaire de l'époque médiévale. Des années plus tard, en 1927, elle accueillera même la station radiophonique de "Radio PTT Nord" et les Lillois bénéficieront de programmes musicaux. Ils ont pu par exemple écouter le premier reportage du Tour de France. Ayant été détériorée par le temps et le vandalisme, elle va être restaurée dans le cadre de la manifestation "Lille 2004 : capitale européenne de la culture."